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Du grain à trier et à moudre

publié par F. L.-Z. le 4 juillet 2008

Comme M. Camus, il m’est arrivé d’être agacée par la traversée
rapide et comme pour un rite obligé en aveugle des salles du Louvre, par de nombreux visiteurs. Par contre, je vois très régulièrement des groupes attentifs auprès d’un conférencier ; de multiples formules sont possibles selon le temps dont on dispose et du centre d’intérêt, peinture italienne de la Renaissance, rites funéraires égyptiens, art islamique... Les ateliers accueillent des jeunes chaque jour avec des parcours et des travaux adaptés aux différents âges. D’autres musées parisiens comme Guimet ou Cognacq-Jay ont la même démarche, c’est aussi vrai en province, à Lyon, Montpellier, Aix-en-Provence. Est-ce là « déculturation » ? Le ministre de l’Éducation actuel veut introduire l’histoire de l’art dans les programmes dès le primaire, bonne idée, tout est prêt, les étudiants en ce domaine ne manquent pas, il suffit d’en prévoir le budget et de ne pas supprimer les classes. M. Camus s’honore d’appartenir à une élite « cultivée » ce qui ne fut possible que parce qu’il est l’aboutissement privilégié de trois générations imprégnées de culture. Le résultat peut, à coup sûr, être obtenu plus tôt, faisons foi à l’intelligence humaine et à sa sensibilité, c’est à quelques termes près ce que lui répondit David Kessler qui, de façon exceptionnelle, participait à l’émission.

Certes les visiteurs qui longent les pyramides de Guiseh ou marchent dans les ruines de Leptis Magna en Lybie appartiennent à ce tourisme de masse qui a des effets très négatifs sur les populations envahies, la pollution de la planète et l’abus des ressources hydrauliques, vaste problème, polémique difficile. Toutefois, devant les temples, les cathédrales et autres sanctuaires, une irrigation indicible, ineffable de l’ordre du sacré est ressentie par toute personne humaine, c’est une petite consolation et un gage pour une curiosité à venir.

Le livre de M. Camus soulevait d’autres problèmes, accusant France Culture d’être trop ouverte à l’actualité. Le directeur, David Kessler, n’était pas en peine pour lui répondre et je m‘en suis sentie fière. Faut-il rappeler que Voltaire s’engagea dans l’affaire Calas comme Zola pour défendre le capitaine Dreyfus et Victor Hugo pour la suppression de la peine de mort.

Ce 27 juin, l’opéra de Mozart, Zaïde, était joué dans la cour de l’évêché d’Aix-en-Provence. L’œuvre est incomplète, le sujet dénonce l’esclavage, c’est ce qu’a retenu le metteur en scène Peter Sellars en l’actualisant pour souligner la détresse des sans-papiers, la misère qui borde les pays nantis. Il souligne dans le programme cette réplique tirée de l’acte II de Zaïde : « Because luck and joy smile on you, you misjudge your brothers ». Au-delà de l’erreur de jugement, il y a l’enfermement, l’expulsion, la mort.


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